Géographie. Avec ses 480 ha, Locminé est l’une des plus
petites communes du Morbihan. Traversée par la rivière du Tarun, elle est
entourée de Moréac au nord, Bignan à l’est, Moustoir-Ac
au sud, Plumelin à l’ouest. Elle est idéalement située au
croisement des routes de Vannes à Pontivy et de Ploermel / Rennes à
Hennebont / Lorient. Son influence rayonne sur une vingtaine de communes
rurales, où l'élevage bovin a longtemps prospéré. Si la moitié sud est le territoire le moins
urbanisé, une petite ville très
commerçante s'est développée au nord à partir du Moyen-age. Elle
était très animée autrefois avec ses auberges (six dès 1700), ses pèlerinages,
ses
marchés hebdomadaires et ses foires annuelles envahissant ses places et vieilles rues.
Elle était naturellement tournée vers les métiers du cuir (30 cordonniers, 22
tanneurs, liés à 20 bouchers vers 1700), qui ont fait sa réputation
(chanson populaire "Les gars de Locminé..."). Depuis la
Révolution, elle est chef-lieu de canton. L’emblématique député-maire l’abbé Laudrin (1902+1977) a
beaucoup contribué à l’essor de sa ville. Ancien aumônier de
l'Armée, prisonnier, résistant, il a célébré la messe des
funérailles du général De Gaulle.
Paroisse.
Locminé signifie le « lieu des moines »
et a effectivement la superficie d’une abbaye fondée vers le 7e siècle,
puis pillée et incendiée par les normands au 9e siècle. Au 11e siècle,
le prieuré St Sauveur, dépendant
de l’abbaye St Gildas-de-Rhuys, est reconstruit par le fameux moine Félix.
Vers le 15e siècle, les moines laissent leur place à une communauté de
prêtres, mais jusqu’en 1790, Locminé n’est qu’une succursale de la
paroisse de Moustoir-Ac. L’actuelle église,
auprès de laquelle devait se situer le prieuré, est inaugurée fin 1975.
En effet, suite à l’effondrement d’une partie de la voûte, la nef
est complètement rasée et refaite avec une vaste charpente apparente de
style moderne. Par contre, la façade des 15e et 17e siècles avec ses
portails est préservée. Elle intègre en fait deux édifices accolés,
l’église paroissiale St Sauveur et la chapelle
St Colomban. Sous l’Ancien Régime, cette chapelle est l’objet
d’un important pèlerinage de toute de la Bretagne, les 27, 28 et 29
juillet, et surtout le 26 novembre. St Colomban est censé soigner les
maladies nerveuses, guérir les aliénés. Pendant neuf jours, les malades
sont enchaînés, voire mis aux fers pour les plus agités. Ils suivent
une messe quotidienne, écoutent les paroles de l’Evangile, touchent les
saintes reliques. Les plus calmes tournent autour de la chapelle trois
fois par jour jusqu’à la fontaine Fetan Guen (la fontaine blanche).
L’eau coule toujours de cet édifice monumental en granit de 1631, abritant
une statue du saint. L’église conserve aussi les reliques dans une
magnifique châsse de 1758 en bois et fer blanc, momentanément confisquée
à la Révolution. Très critiqué, le pèlerinage est définitivement
interdit en 1818, malgré les protestations du clergé et des notables de
la ville. L’église paroissiale devenant trop petite, la chapelle
Notre-Dame du Plasquer est reconstruite à proximité,
au 16e siècle sur un édifice plus ancien. Elle sert aussi sous
l’Ancien Régime aux réunions des corporations, notamment celles des
bouchers, des tanneurs et des menuisiers. Pendant la Révolution, elle
devient un temple décadaire. Sa décoration intérieure est riche et
flamboyante. Elle comprend notamment un autel surmonté d’un retable
contenant une belle Vierge à l’Enfant. Au début du 17e siècle, au sud
de la ville, est
ensuite construite la chapelle de
la Vraix-Croix, démolie et remplacée par un calvaire commémoratif
en 1937. Son magnifique retable est conservé dans l’église
paroissiale. Au sommet, des anges soutiennent deux médaillons, tandis que
la Vierge et St Jean portent une couronne surplombant une croix. La
fontaine de cette chapelle a également été déplacée en
centre-ville. Elle abrite une statue possible
de St Colomban. Près de l'église paroissiale, au sud de la grande place,
se situait une quatrième chapelle dite de la Trinité, mais
dédiée à l'origine à Sainte Brigitte. Elle est reconstruite au début
du 18e siècle sur un édifice du 12e. Inutilisée pendant plusieurs
années, elle s'effondre puis est démolie complètement en 1916. Sur la route vers Auray, le calvaire
du Pont-du-Chat, du 16e siècle, indiquait autrefois aux passants leur
chemin.
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St Colomban |
Place de la République |
Par ailleurs, la ville conserve un lavoir
du 18e siècle au pied d’une ancienne cascade près du Signan, et des vieilles
maisons à colombage des 15 et 16e siècles.
Sur l’une de ces maisons, sont sculptés deux personnages en bois
« Locminé et sa femme », à l’exemple de ceux de Vannes.
Les halles, qui occupaient une grande partie de la place devant
l'église depuis au moins le 17e siècle pour le marché aux grains, ont
été démolies en 1889.
Seigneuries.
Le prieuré St
Sauveur constitue une seigneurie temporelle, dépendant du
vicomte de Rohan au Moyen-âge, directement du roi à la fin du 16e
siècle, puis de la seigneurie de Baud à la fin du 17e (d'après le terrier royal). Il a droit de haute, moyenne et basse
justice sur les habitants de la ville jusqu’à la Révolution. Le pilori
s'élevait dans la lande de Kerel, mais vers 1673, le seigneur de
Baud-Kerveno fit planter le sien sur le Martray (actuelle place de la
République). La prison jouxtait les halles et pouvait accueillir jusqu'à
17 individus. Très vétuste, elle fut démolie en 1864. D'autres juridictions des environs
(dont Trébimoël, Bignan, Moréac)
tenaient leurs audiences dans la ville, d'ou la présence de nombreux
magistrats. Locminé comptait aussi sept manoirs
nobles, sans justice, tous situés en zone rurale au sud : Belvau,
Kerivalain, Kerjean (qui conserve un bâtiment de
1688 restauré), Kerlevinez, Kerpondo, le Parco et Tréhoret.
Evènements.
Le soir du lundi 13 septembre 1518, en route entre Auray et Pontivy lors
d’une tournée dans le duché de Bretagne, le roi François Ier fait étape
à Locminé. D'octobre 1633 à janvier 1634, la peste sévit à Locminé,
faisant quelques 250 morts, soit un sixième de la population. Certains
habitants ont toutefois quitté la ville pour s’abriter à la campagne.
Dans la même période, un incendie brûle 44 maisons près de la rivière.
Sous la Révolution, plusieurs combats ont lieu près de la ville,
notamment en mars 1794 lorsque la ville est cernée par les chouans, et en
juin 1795, peu avant le débarquement des émigrés à Quiberon. Pendant
la Seconde guerre mondiale, la résistance est active. Parmi les 52
exécutés du Fort Penthièvre en juillet 1944, figurent 25 locminois.
Douze autres sacrifient leur vie. Pour cette raison, le général De Gaulle tient à visiter Locminé à
deux reprises, en juillet 1947, puis en septembre 1960 (Laudrin
était député depuis 1958, et sera élu maire à partir de 1965,
conseiller général à partir de 1967).