Géographie.Le nom du Carnac vient du mot breton cairn signifiant
amas ou monticule de pierres, évoquant bien sûr la grande concentration
de mégalithes dans les environs. D’ouest au nord, le territoire est
limitrophe de Plouharnel, Erdeven et Ploemel. A l’est, il est
naturellement séparé de Crach par une rivière du même nom. Au sud, il
donne largement sur la baie de Quiberon. Son ancien port, La Trinité, est
indépendant depuis 1864. Port-en-Dro et la jetée du Pô le remplacent
sans la même prétention en raison des fonds peu profonds, se découvrant
très loin à marée basse. Cette côte n’est finalement propice qu’à
l’ostréiculture et au tourisme, apparu dès la fin du 19e siècle.
Comme l’intérieur des terres, le bord de mer est agréablement boisé
de pins. La grande plage a donné naissance à un quartier résidentiel
très chic, Carnac-Plage. Mais d’autres petites plages s’étirent
entre des pointes rocheuses. Entre les marais du Breno et l’anse du Pô,
le sud de la péninsule de St Colomban s’est bien développé en
résidences secondaires depuis les années 1960. L’exploitation des
salines du Breno a cessé dans la même période.
Pré-histoire.
L’archéologie est un des attraits du tourisme.
Avec sa région, Carnac est l’un des rares endroits du monde, où
l’être humain a laissé une trace importante de son passage il y a six
ou sept millénaires. Ces hommes, nos ancêtres plus qu’à tout autre
français, ont élevé de spectaculaires constructions mégalithiques,
dont la signification n’est toujours pas bien comprise par leurs
lointains descendants. Certes, les dolmens, les tumulus étaient
d’anciennes tombes bien antérieures aux pyramides d’Egypte. Les plus
connus sont ceux de St Michel, de Kercado, de Mané Kerioned en Carnac,
Locmariaquer en possédant de bien plus beaux. Mais à quoi servaient les
menhirs isolés ou alignés, mesurant parfois plus de 6 mètres de haut ?
Les alignements du Menec, de Kermario, de Kerlescan totalisent plus de
2600 pierres levées sur une dizaine de files longues de plus de 3 km. Le
cromlech du Menec ou le quadrilatère du Manio forment des enceintes
circulaires ou rectangulaires de plusieurs dizaines de menhirs. Jusqu’à
l’apparition de théories plus ou moins scientifiques, toutes ces
pierres ont fait l’objet de légendes, dont celle de St Cornely ou
Corneille. Persécuté, ce pape aurait fui Rome au 3e siècle. Traversant
la Gaule, il serait arrivé à Carnac, poursuivi par une armée. Bloqué
face à la mer, il se retourna alors et d’un signe de croix changea les
soldats en pierres !
Paroisse.
Cette légende de St Cornely remonte au début du
Moyen âge, lorsque les premiers chrétiens s’implantent à Carnac et
transforment les lieux païens à leur profit. Des moines venus d’Irlande,
tels St Colomban et St Tugdual, fondent des monastères, notamment celui
du Moustoir aujourd’hui disparu. La paroisse existe depuis au moins le
9e siècle. L’église, dédiée bien sûr à St Cornely, est
considérée comme l’un des monuments les plus remarquables de la
Renaissance dans le Morbihan. Anciennement de style roman, elle est
reconstruite à partir de 1639 en forme de croix latine, puis élargie à
trois nefs parallèles portant chacune sa toiture. La tour carrée du
clocher est surmontée de quatre pinacles reliés par des balustres, et
d’une flèche octogonale de 40 mètres, la plus haute de la région. Sur
le fronton du portail principal, le saint patron est représenté entouré
de deux bœufs. Il est en effet considéré comme le protecteur des bêtes
à cornes, dont il condamnait les sacrifices. En 1792, le porche de la
façade nord est coiffé d’un baldaquin ajouré de très habiles volutes
de pierres taillées. A l’intérieur de l’édifice, les voûtes en
bois sont peintes vers 1730 par un artiste de Pontivy. Sur fond de ciel
étoilé dans un décor en trompe-l’oeil, les tableaux représentent la
vie de St Cornely dans la nef centrale, celle du Christ dans la nef nord,
celle de St Jean-Baptiste et les mystères du Rosaire dans la nef sud. Les
vitraux du 19e siècle évoquent notamment le sauvetage par St Cornely
d’un navire en perdition, le débarquement en Bretagne du moine
irlandais St Cado, les prières de Charles de Blois avant la bataille
d’Auray. Le mobilier comprend en particulier un exceptionnel orgue de
1775, une élégante chaire en fer forgée de 1783, un somptueux
maître-autel décoré d’or, de marbres et de calcaire. St Cornely avec
sa tiare apparaît encore dans une petite niche bordée de marbre noir,
au-dessus du grand tableau de l’Assomption. A l’ouest de l’église,
une fontaine du 17e siècle se situe au milieu d’un enclos percé de
quatre escaliers. Surmonté d’un obélisque, le petit édifice abrite la
source ainsi qu’une statue de St Cornely. Pendant longtemps, il a été
le seul point d’eau des habitants du bourg. Les animaux y sont aussi
amenés pour les bénir lors du pardon du 13 septembre, qui était
autrefois suivi d’une grande foire. Ce pardon est le plus
important de la région après celui de Ste Anne d’Auray. Un très lourd
reliquaire en bois et dorure y est porté en procession. Il représente le
buste du saint patron entouré de deux anges.
Seigneuries. Au moyen âge,
toute la paroisse dépend du puissant comté de Largoet, dont le
château se situe à Elven, près de Vannes. Toutes les terres sont
cependant afféagées à des paysans et à des petits seigneurs locaux.
Parmi eux, ceux de Crocalan possèdent un château au 15e siècle
près de la rivière de Crach. L’édifice actuel n’est que très
récent, l’ancien restant en ruines. Au nord-ouest de Carnac, la
seigneurie de Kermalvezin possède aussi un château du 16e siècle
encore visible avec ses lucarnes sculptées. Cette demeure a été la
propriété de l’un des fils de la comtesse de Ségur. Mais la
principale seigneurie est celle du Latz ou du Lac. Elle appartient
successivement à la famille de Vitré puis aux Champion, aux Larlan, aux
Sorel. Son château est actuellement situé au nord de la Trinité-sur-Mer,
à la limite entre les deux communes, non loin de la rivière de Crach.
Les bâtiments bien conservés du 17e siècle, en pierre de taille sous
toiture d’ardoises, entourent une cour fermée. Dépendant de
l’ancienne seigneurie, un moulin à marée est situé près de la
rivière, avec une grande retenue d’eau « l’Etang du Moulin du Lac », faisant la joie des campeurs.
L’actuel moulin ne date cependant que du 19e siècle. A côté, un
passeur transportait autrefois les personnes d’une rive à l’autre, de
Carnac à Crach, comme l’atteste le lieu-dit le « Passage
du Lac ».
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