Géographie. Erdeven
est délimité par de nombreuses communes : à l’ouest par
Plouhinec et Etel, au nord par Belz, Locoal-Mendon,
Ploemel, à l’est
par Carnac et Plouharnel. La côte au sud donne 8 km sur l’Océan Atlantique avec
ses puissantes vagues, ses plages de sable fin, ses dunes infinies s’étendant
jusqu’à 1200 m dans les terres et dont la commune tire son nom ("ar
teuen"en breton). Elle est encore appelée pompeusement la "falaise".
Malgré plusieurs tentatives, elle a été préservée d’une urbanisation
balnéaire sauvage grâce au champ de tir de Gâvres s’étendant
jusqu’à Quiberon depuis 1830. Une flore (plus de 700 espèces) et une
faune très riches (oiseaux migrateurs surtout) s’y développent. A part
le tourisme, cette côte est peu propice aux activités maritimes, sauf à
l’embouchure de la rivière d’Etel, dont le port du même nom est indépendant
depuis 1850. A l’arrière des dunes, une zone humide s’étend avec de
nombreux marécages et étangs, dont ceux de Len-er-Raz, Keravéon,
Len-er-Gaulec, Poulbé, Kergrosse (aujourd’hui asséché), Loperhet.
Plus au nord, vers l’intérieur, les cultures maraîchères profitent des
terres légères, tandis que les bois sont constitués principalement de
pins maritimes, qui au 19e siècle valorisèrent les landes tout en
fournissant des poteaux de mine exportés vers l’Angleterre.
Préhistoire. Erdeven
possède plusieurs mégalithes remarquables, dont les dolmens de Mané-Croc’h
et de Mané-Bras. L’alignement de Kerzerho est le plus important après
ceux de Carnac. Il comprend 1130 menhirs sur 11 files.
Paroisse.
Mentionnée dès la fin du 11e siècle, la paroisse serait un démembrement de celle
de Ploemel. Dédiée à St Pierre et St Paul, l’église actuelle remonte
au 18e. Entièrement en granit, son clocher comprend une tour carrée
surmontée d’un tambour octogonal abritant les cloches, puis d’une
pyramide et enfin d’un lanternon portant la croix. La nef fut élargie
de bas-côtés en 1832. Sombre et austère, malgré ses vitraux, l’intérieur
abrite plusieurs mobiliers du 18e siècle, dont une Vierge à l’Enfant
provenant d’un ancien retable, et un bénitier en marbre polychrome à
cuve ovale offert par monseigneur Gouyon de Vaudurand (voir plus loin),
inhumé en l’église en juin 1780. La chapelle de la Vraie-Croix remonte
à la fin du 16e siècle et comporte une jolie porte en anse de panier
avec autrefois un blason seigneurial. Elle a été à plusieurs reprises déplacée
(de 5 m en 1957) ou amputée, pour l’élargissement de la route qui la sépare
du chevet l’église.
Légende. Au
village des Sept-Saints, la chapelle n’a été construite qu’en
1899. Son pèlerinage fin août pris rapidement de l’importance
(jusqu’à 6000 fidèles vers 1910). Selon la légende, effrayée par la
charge que représentait la naissance de ses septuplés, une mère
commanda sa servante d’en noyer six. Lors d’une halte pour se reposer
sur le chemin de la rivière, cette dernière déposa sur un rocher le
berceau, qui y laissa une empreinte et fut fort difficile à soulever. Y
voyant un signe de Dieu, elle retourna à la maison, et les parents pris
de remord renoncèrent à leur projet. Les sept frères étaient saufs, et
plus tard ils fondèrent les sept anciens évêchés de Bretagne à
Dol (Samson), St Malo, St Brieuc, Tréguier (Tugdual), St Pol de Léon
(Paul-Aurélien), Quimper (Corentin), Vannes (Patern).
Seigneuries
Au Moyen-age, Erdeven comprenait six seigneuries, dont deux importantes : Keravéon et Kercadio.
L’actuel château de Keravéon, avec son portail, son colombier, son agréable
parc de 23 hectares ouvert au public, remonte principalement aux 17-18e siècles.
Seuls quelques vestiges d’enceinte datent du 9e siècle, tandis que l'impressionnante
tour de cinq étages fut élevée plus tardivement au 19e. La seigneurie
appartient dès 1350 aux Talhouet, puis passe au 18e siècle aux Coislin
(grâce au mariage en 1727 de Renée de Talhouet, fille de Georges, avec
Pierre Armand du Cambout, marquis de Coislin). En 1795, pendant le débarquement
de Quiberon, le dernier marquis est fusillé par les républicains. Hoche
installe son quartier général au château, tandis que les royalistes
sont emprisonnés dans l’orangerie. Les bâtiments sont aujourd’hui
occupés par une hôtellerie de luxe. La seigneurie de Kercadio est signalée
dès 1427. Elle appartient alors à Alain, sieur dudit lieu. Elle passe en
1466 aux Larlan, qui acquièrent le comté de Rochefort en 1660, y font
leur résidence principale, et dont plusieurs membres sont présidents du
parlement de Bretagne. Elle parvient en 1703 aux Gouyon de Vaudurand, qui
reconstruisent le château devenu inhabitable, et dont le 3e propriétaire,
Jean-Louis, est évêque de Léon. Ce dernier se retire en son manoir de
1763 à sa mort, et marqua beaucoup la population pendant son séjour
de 18 ans à Erdeven. Propriétaire du château de Sablé sur Sarthe, le
marquis de Rougé récupéra de son grand-oncle le domaine, qui fut vendu
comme bien national en 1798. Aujourd’hui, le château conserve encore
une tour ronde médiévale, prolongée de beaux logis des 17 et 18e siècles.
Il est aujourd’hui occupé en partie par un restaurant et une crêperie.