Géographie.
L’île d’Arz
est la plus importante du golfe du Morbihan, après l’Ile-aux-Moines.
Assez
peu boisée,
elle s’étire sur 3,5 km de long. Elle est très découpée avec ses
pointes et presqu’îles, et comprend aussi six îlots. Elle ne possède
pas de grand port, mais des petites cales. Les plus gros navires accostent
à la pointe de Béluré au nord. Des liaisons régulières s’effectuent
avec la pointe Conleau au sud de Vannes, tandis qu’en saison, les
vedettes de croisière du golfe y font des escales de quelques heures.
L’afflux touristique peu important permet de sauvegarder les zones
sauvages, notamment le sud avec sa plage du Brouel, d’où l’Ile-aux-Moines
est bien visible. Au nord, la plage caillouteuse de la Falaise s’étire
sur un grand arc de cercle de 2 km de la pointe de Béluré à la pointe
de Berno. L’ostréiculture reste la principale activité économique.
Les écoles de voiles sont également réputées. Depuis le 18e siècle,
les hommes servent dans la Marine et ont contribué à la prospérité du
commerce vannetais. Arz porte ainsi le surnom de l’île des capitaines.
Légende.
Distantes de moins de 1000 mètres, l'île d'Arz et l'Ile-aux-Moines
auraient jadis été reliées par une étroite chaussée. Leurs habitants
se détestaient, car les uns étaient marins et se considéraient supérieurs
aux autres qui n’étaient que des pêcheurs. Or, un jour, un garçon
s’éprit d’une jeune fille d’Arz. Au désespoir de ses parents, il
fut enfermé chez les moines. Mais sa bien-aimée traversa tous les
jours la chaussée pour chanter sous les murs du monastère. Elle était
si belle que tous les habitants s’arrêtaient de respirer. Y voyant une
manifestation du diable, le prieur implora Dieu. La mer submergea alors la
chaussée, noya la jeune fille et sépara à jamais les deux îles.
Paroisse.
En 1008, le duc Geoffroy de Bretagne fait don de la moitié sud de
l’île à l’abbaye St Gildas de Rhuys. Les moines bâtissent
alors un prieuré et l’église Notre-Dame. En 1033, le duc Alain III
fonde un second prieuré pour l’abbaye St Georges de Rennes, dans
l’autre moitié nord. Jusqu’à la Révolution, cette division
territoriale est une source de conflit entre les deux prieurés et leurs
habitants. De nombreuses maisons anciennes sont conservées, plusieurs du
17e siècle, dans les villages comme au bourg. Dans ce dernier au centre
de l’île, l’église de la Nativité ou Notre-Dame
remonte à l’époque romane pour la nef, les bras du transept, la tour,
dont le clocher a été restauré, suite à une violente tempête en 1900.
En 1553, la couverture est refaite, de même que le choeur et le chevet.
Ce dernier est typiquement de style gothique avec ses trois pignons, ses
moulures, ses gargouilles, ses pinacles. Au 17e siècle, une chapelle est
ajoutée au transept nord. L’intérieur de l’église est assez austère.
Les chapiteaux du 12e siècle sont sculptés de motifs végétaux,
d’animaux tels que deux béliers, ou encore de personnages fantastiques,
mi-humain mi-animaux. Les vitraux représentent notamment des scènes de
prières de femmes attendant le retour de leur mari marin, ou le don
d’ex-voto à Notre-Dame de l’Espérance. La Déposition
de la Croix est un grand tableau de 1754. L’église est ceinte du
cimetière, dont un mur est accolé au prieuré, qui a été
reconstruit au 17e siècle. Le corps de logis avec ses deux gros pavillons
symétriques possède des lucarnes à fronton triangulaire ou curviligne,
ainsi qu’un escalier à double volée donnant sur la cour. Il abrite
aujourd’hui la mairie et une école.
Seigneuries.
Sous l’Ancien Régime, les deux prieurés possèdent chacun leur
fief avec des fermes, des marais salants, des moulins. Celui à vent du Béluré,
en encorbellement, date du 17e siècle. De celui à marée du Berno,
il ne subsiste que des ruines au milieu d’une digue de 200 mètres
retenant un grand étang. Le seul lieu noble de l’île est le manoir de Kernoël,
relevant du prieuré de St Georges. Sous la Révolution, cette propriété
est très endommagée, alors qu’il y réside le premier maire assassiné
par les chouans en 1800. Du 15e siècle, seuls une partie de l’enceinte
fortifiée et la tour subsistent. Le reste du manoir et le colombier sont
du 17e siècle.