|
Le sac de Quiberon en 1746Analyse des documents Les dégâts sont inventoriés dans deux états différents par village, l’un pour les bestiaux tués et enlevés, l’autre pour les maisons incendiées « par l’ennemi au mois d’Octobre 1746 dans la presqu’île de Quiberon en Bretagne, fait par le Sieur Marion, directeur des domaines de son altesse sérénissime Monseigneur le duc de Penthièvre, aux fins d’ordre de Mgr de Viarme, intendant de Bretagne, donné à Quiberon, le prince y étant, le 6 Novembre 1746 ». Ce second document mentionne aussi l’état des navires et effets brûles, ainsi que l’état du produit du commerce. Dans un premier temps, les deux documents ont été informatisés et réunis en un seul fichier. Plusieurs erreurs de calcul ont alors été détectées, notamment le nombre de maisons détruites qui s’élève à 164 et non à 155. Ensuite, grâce à divers tris de données, l’analyse historique a été facilitée, y compris pour des détails non perçus par les précédents auteurs. Les documents apparaissent finalement très intéressants pour connaître la situation socio-économique de Quiberon au milieu du 18e siècle. Quelques riches propriétaires paysans, l’importance du cheptel ovin, la belle flotte quiberonnaise, l’influence de la bourgeoisie sur le commerce y sont décrits plus ou moins clairement. La superficie et le nombre des presses sont indiqués, comme le prix de plusieurs produits et biens. Au niveau des événements, deux remarques s’imposent. D’une part, si peu de bœufs ou chevaux ont été pris par les anglais, c’est qu’ils ont servi à l’évacuation des habitants avec leurs charrettes, alors que moutons et porcs moins dociles ne devaient pas passer inaperçus à l’isthme. L’élevage bovin n’était de toute façon pas bien important, juste un complément de ressources pour une population surtout maritime. D’autre part, les villages désertés, où il n’y avait pas ou peu d’animaux, avaient été brûlés. Il faut rester méfiant quant aux chiffres. L’inventaire officiel mentionne 364.000L de dégâts. Toutefois, certains biens n’y ont pas été estimés, comme le prieuré de St Clément avec ses métairies, les chapelles et l’église paroissiale, les meubles volés, les portes et fenêtres démolies. L’état des animaux n’est aussi que numérique. Tout cet ensemble serait estimé à environ 60.000L supplémentaires, ce qui porterait à un total général de 424.000L. Toutefois, de l’inventaire officiel, l’état du produit du commerce peut paraître subjectif avec une estimation à 205.000 livres. En fait, les habitants de l’époque, dont les bourgeois, jugeaient sans doute qu’il fallait demander beaucoup pour être sûr d’obtenir un minimum de réparations... Total des pertes subies par Quiberon (en L)
|