Sur
la côte orientale de Madagascar, très plate avec ses longues plages,
Tamatave est en partie abritée de la mer houleuse par des récifs et par la pointe Hastie,
havre idéal pour les navires. Elle se tourne volontiers vers la mer,
d’autant plus qu’elle est coupée de l’intérieur aux luxuriantes
forêts tropicales par des lagunes et des marais, sans aucun estuaire.
Le climat est chaud et humide, avec une période cyclonique provoquant
souvent de graves inondations et des dégâts. Des feux de brousse se
produisent aussi régulièrement.
Les comptoirs commerciaux. La
région est habitée par l’ethnie Betsimisaraka. Elle est reconnue dès
le 16e siècle par les navigateurs arabes et portugais, qui
commercent avec les autochtones via des comptoirs. Elle offre aussi aux
pirates des Mascareignes d’intéressants repaires et de belles femmes
(dont ils auront des métis « Malattes »), et aux navires négriers
une source importante d’approvisionnement en esclaves. Foulpointe, à
60 km au nord, est un port de relâche important au 18e siècle
pour les Compagnies des Indes. Au tournant du 19e siècle,
Français et Anglais s’intéressent de plus près à Tamatave, dont le
port devient prospère et stratégique. Ils occupent la ville à tour de
rôle, avant l’arrivée de l’armée Mérina, qui la défend
farouchement en construisant des forts. Les traités de paix signés
sont rarement respectés, obligeant la France à intervenir
militairement plusieurs fois, notamment en 1829, 1845, 1863 et 1883,
parfois de concert avec la marine anglaise.
1. Vue aérienne du port, les plages, les récifs 2. Rue du vieux centre - 3. Place de l'Indépendance.
La colonisation. Le
12 décembre 1894, le général Duchesne reprend la ville, qui subit
alors une transformation radicale sous l’administration coloniale du général
Gallieni, gouverneur de 1896 à 1905. Les rues sont alignées et élargies,
les banques s’installent, les hôtels se construisent, le port est
agrandi avec des quais et entrepôts, des lignes maritimes régulières
sont établies, Chinois et Indiens ouvrent des commerces. Dans les
terres, de nouvelles cultures sont introduites, telles que la canne à
sucre, le café, le cacao, la vanille, le poivre, le girofle, l’hévéa...
Les marchandises sont transportées dès 1899 par le canal de Pangalane.
Le 6 mars 1913, la gare ferroviaire est inaugurée. Commencée depuis
1901, la ligne permet de rejoindre la capitale Tananarive à 350 km.
Avec ses grandes plages (désormais déconseillées) et ses villas
somptueuses au nord, Tamatave devient aussi une station balnéaire réputée
à la Belle Epoque. Vers 1900, elle dénombre environ 2500 Français,
1100 étrangers principalement anglais et mauriciens, et 15000 Malgaches.
La
ville connaît aussi des périodes sombres. Elle est touchée par la
peste de novembre 1898 à juillet 1899. En 1927, elle subit un violent
cyclone doublé d’un raz de marée gigantesque, provocant des
centaines de morts et des dégâts considérables. Elle met quatre ans
pour se reconstruire, encore plus moderne et plus belle. En 1947, de
grandes émeutes éclatent. Elles sont très sévèrement réprimées,
mais annoncent la future indépendance en 1960. De
nos jours, avec 200.000 habitants, très cosmopolite, Tamatave est la
seconde ville du pays, mais reste le premier port commercial, qui
accueille notamment pétroliers et minéraliers.