Située dans la plaine sucrière,
à l’embouchure de la Rivière d’Abord, Saint-Pierre est la 3e ville réunionnaise
avec 60.000 habitants. Surnommée la capitale du sud, elle est surtout une
sous-préfecture. Avec ses temples tamouls, son église, sa mosquée, ses marchés
colorés, son plan en damier, elle ressemble beaucoup à sa rivale Saint-Denis.
Détaché de Saint-Paul en 1726, le territoire a lui-même été amputé
progressivement de Saint-Joseph et Saint-Philippe en 1798, Entre-Deux en 1882,
Le Tampon en 1925, Petite-Ile en 1935.
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1.
Vue aérienne de la ville et du port – 2. Temple tamoul de la Ravine
Blanche - 3. Sous-préfecture
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La colonisation du sud réunionnais
a été plus tardive que le nord-ouest. Elle ne débute qu’en 1718 avec
Desforges-Boucher, puis à partir de 1727 avec le gouverneur Pierre Benoît
Dumas. En moins de quatre mois, 66 concessions sont alors attribuées, dont 50 dépassent
les limites de la Rivière d'Abord. En 1731, une première chapelle en bois est
dédiée à Saint-Pierre. Détachée de Saint-Paul dès 1726, la paroisse reste
associée à Saint-Louis jusqu’en 1735. Elle dénombre alors une centaine de
familles, qui craint l’attaque de marrons, se déplace difficilement en
l'absence de moyens de communications, se sent oublié et lésée des autorités
coloniales. Pour éviter des insurrections, Dejean, membre du Conseil Supérieur
de Bourbon et plus tard commandant du quartier, établit rapidement un plan de
ville. Il fait construire une église, une place d'arme, de beaux bâtiments,
dont plusieurs sont encore conservées comme la sous-préfecture ou la mairie de
1767. Mais un autre problème subsiste : la région manque cruellement
d’eau, malgré une végétation luxuriante. Les premiers colons doivent
fournir des efforts considérables pour valoriser les terres. Après sept années
de travaux, un canal de 9 km est achevé en 1826, déviant une partie des eaux
de la rivière Saint-Etienne pour irriguer les cultures. Il fait aussitôt
exploser l’économie de la région. La canne à sucre peut être produite.
Deux usines sucrières sont créées à Casernes et Pierrefonds (celle-ci
fonctionne de 1830 à 1969), aujourd'hui regroupées sur le Gol en Saint-Louis.
La culture concerne aussi les produits maraîchers, le tabac, les fleurs.
Saint-Pierre constitue toujours une grande région agricole. Par ailleurs, les
travaux du port débutent lentement à partir de 1854, sont abandonnés en 1867
par le Conseil Général, puis repris au frais de la municipalité, qui y voit
un nouvel espoir de développement économique. Achevé en 1886, difficile
d’accès, ce port est supplanté par celui de la Pointe des Galets.
Aujourd'hui, il n'accueille plus que de petites embarcations de pêcheurs et de
plaisanciers.