Avec près de 140.000 habitants,
la préfecture Saint-Denis est la plus grande ville des DOM-TOM. Coincée à
l’ouest par le Cap Bernard et la rivière Saint-Denis, au nord par la mer,
elle ne cesse de s’étendre à l’est vers la plaine sucrière et au sud vers
les hauts qui la domine. Elle peut aussi être considérée comme capitale
religieuse, puisqu’elle compte une cathédrale, une mosquée, une pagode, un
temple tamoul… Elle dispose aussi de deux marchés couverts pittoresques. Pour
rejoindre la Possession à quelques kilomètres au sud, les voyageurs
empruntaient autrefois la route des hauts ou prenaient le bateau. Depuis 1963,
gagnée sur mer, la route du littoral longe des falaises impressionnantes.
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1.
Vue aérienne du Barachois – 2. Rue embouteillée – 3. Villa
coloniale
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La ville et la rivière doivent
leur nom à un navire, qui s’y échoue en 1667 après s’être perdu deux ans
en mer. Avec seulement 18 familles en 1708, le bourg se développe lentement. En
1723, il est divisé en concessions orthogonales, qui préfigurent le plan en
damier, avec l’axe principal des rues de Paris et de la Victoire. En 1738, le
gouverneur Mahé de La Bourdonnais impose la ville comme capitale à la place de
Saint-Paul, jugée trop difficile à défendre, mais aussi trop corrompue et
proche des pirates. Sont alors aménagés plusieurs batteries de canons sur la côte,
une place d’armes (actuelle place de la Préfecture), une église en 1743, un
entrepôt pour la Compagnie des Indes, qui devient palais du gouvernement en
1764 (actuel bâtiment préfectoral), un jardin d’acclimatation (1764, actuel
Jardin d’état), le collège des Lazaristes (actuelle université), la prison,
et surtout un indispensable pont débarcadère pour le transport des
marchandises au lieu-dit le Barachois. D’une capacité insuffisante, ce port
est transféré en 1886 à la Pointe des Galets, à mi-chemin de Saint-Paul au
sud, puis est comblé en 1934 pour laisser place à des jardins populaires avec
de vieux canons pointant vers la mer. En 1815, devant le Cap Bernard, la flotte
de guerre française bat les anglais qui occupent l’île depuis cinq ans. Théâtre
de la victoire, Saint-Denis devient symbole de libération et d'indépendance.
Jusqu'à la fin du 19ème, de nombreux bâtiments s’élèvent tels que la cathédrale
(1832), le palais épiscopal (1845, actuel musée Léon Dierx), l’hôtel de
ville (1860), l’hôtel de l'intendance, l’hôpital (1829, actuels services
administratifs du Conseil Général), le collège royal, le parc d’artillerie
(actuelle DDE)… La plupart des luxueuses villas des Grands Blancs est
aujourd’hui occupée par des administrations, des sociétés privées, des
banques, des musées et de rares propriétaires fortunés. Car en raison du coût
de l’entretien, des impôts fonciers, des problèmes de succession, les
vieilles familles préfèrent vendre leurs biens avant qu’ils ne tombent en
ruines. La population qui compte 7.000 habitants en 1790, 60.000 en 1860,
redescends à 40.000 en 1946, conséquence de la grippe espagnole de 1919 et du
blocus anglais, puis ne cesse d’augmenter depuis la départementalisation.