Avec plus de 31.000 habitants,
Saint-Benoît est une sous-préfecture considérée comme la capitale de
l’Est. Bien qu’amputée de la Plaine des Palmistes en 1859 et de Bras-Panon
en 1882, son territoire est le plus entendu après celui de Saint-Paul. Il est délimité
entre la Rivière des Roches et la Rivière de l'Est d’un côté, entre l’océan
et les sommets des montagnes (Takamaka, Grand Etang…) de l’autre côté.
Placé sous le climat de la Côte au Vent, il est l’un des plus irrigué de
l’île. Dans le centre-ville, la plupart des cases créoles sont remplacées
par des petits immeubles en béton, depuis un gigantesque incendie en 1950. Des
combats de coq se déroulent chaque week-end.
1.
Vue aérienne sur la ville et la plaine sucrière – 2. Champ de cannes
– 3. Embouchure de la rivière des Roches
En raison de la végétation impénétrable,
des nombreux cours d'eau, parfois meurtriers lors des fréquentes crues, la
colonisation ne commence réellement que vers 1700, lorsque routes et ponts
coupent l’isolement des habitants. Détachée de celle de Sainte-Suzanne en
1733, la paroisse se construit peu après une église avec l'aide du gouverneur
Pierre Benoît Dumas, en l'honneur de qui le bourg est baptisé. Les terres défrichées
s’avèrent très fertiles. Elles assurent prospérité avec les cultures de
café, girofle, muscade, manioc, puis avec les plantations de canne. En 1784,
une première usine sucrière fonctionne à Beaulieu, près de la rivière des
Marsouins, avec un moulin à eau. Trois autres suivent à Beaufonds, Beauvallon
et la Confiance, aujourd'hui toutes fermées. Après la crise sucrière,
Saint-Benoît diversifie ses cultures, en commençant par la vanille, puis les
agrumes et fruits divers (mandarines, oranges, pamplemousses, citrons, bananes,
avocats, longanes, ananas, letchis, mangues..), les produits maraîchers, les
fleurs. Avec l'élevage (notamment le cerf de Java), elle constitue
aujourd’hui l'une des plus importantes zones agricoles de la Réunion. Elle
produit aussi de l’énergie hydro-électrique grâce à de remarquables
ouvrages d’arts en montagne (Takamaka). La côte est l’une des plus
poissonneuses en bichiques, même si les pêches miraculeuses d’autrefois ont
disparu avec les abus.
Le
bichique : une ruée vers l’or
Le littoral réunionnais
est assez poissonneux, mais il est peu exploité à l’exception des
bichiques, petits alevins de loches, anguilles, cabots, à l'embouchure
des rivières. A l'origine, les pêcheurs les attrapaient à l'aide de
"vouves" fabriquées avec des feuilles de mouffias ou de
cocotiers. Chacun possédait son canal fabriqué en galets enchevêtrés
les uns avec les autres. Puis apparurent les filets, mais aussi la
dynamite, la chaux vive et le "Cassie marron", une herbe
empoisonnée malgache. Les abus ont réduit considérablement les bancs.
Ils ont aussi fait flamber les prix du poisson très apprécié par les
réunionnais en carri. Réglementée depuis, la pêche n’a lieu que
certaines nuits de la pleine lune lors de l’été austral. La côte de
Saint-Benoît demeure l'une des plus prolifiques de l’île, avec la
rivière des Marsouins et celle des Roches.