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MAJ Page le 21/12/08


Saint-André

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Venant de Salazie avec sa petite famille, le sexagénaire Bénédict PROCRIS (n°10) s'installe vers 1870 dans une maison au lieu-dit La Ravine Creuse à Saint-André, sur une propriété au nom de la veuve FORGET en 1881, de Léon RESSEGUY en 1889. Ces propriétaires étaient sans doute aussi ses employeurs, car il était courant qu'ils hébergent leurs engagés (comme auparavant leurs esclaves) dans des petites cases créoles regroupées sur une partie de leur plantation. Dit cultivateur dans les documents, Bénédict était sûrement un coupeur de cannes, voire même un commandeur, vu l'âge tardif auquel il décédera. Il livrait certainement la canne à l'usine sucrière de la Ravine Creuse, qui existait depuis le début du 19e siècle, mais avait été rachetée en 1874 par le Crédit foncier colonial. De nos jours, il ne subsiste plus qu'une impressionnante cheminée, ainsi qu'un vaste hangar. 

Photo : (c) Balade créole


Bénédict devait avoir une forte personnalité, puisque plusieurs de ses descendants rajouteront son prénom au leur, comme si le nom PROCRIS était moins important. Parmi ses trois enfants, Fanny et Joseph quittent le domicile paternel.

La cadette Fanny est couturière comme sa mère Eugénie TIVOLI (n°11). Elle donne naissance (acte non trouvé) en 1887, à une fille naturelle prénommée comme ses grands-parents, Eugénie Bénédicte, mais qui meurt à l'âge de dix ans dans sa maison près de la gare le 11 novembre 1897. Son devenir est inconnu.

Le benjamin Joseph (Bénédict) exerce la profession de cultivateur comme son père. Il s'installe dans une maison au bourg de Saint-André chez la dame LE VAILLANT D'HAUTOUR. Il mourra le 27 juillet 1920 au Petit Bazar, âgé de 52 ans. Il n'est pas marié, mais vit avec la couturière Ernestine BONIVAL, de seulement deux ans sa cadette. Il a au moins deux enfants, dont l'aînée alors qu'il n'est âgé que de 20 ans : 

Marie Joséphine née le 3 août 1888, décédée en 1970 à Bras-Panon. Elle a deux filles nées à l'ilet Adam de son mariage avec le charpentier Joseph VIALO. Après le décès de ce dernier en 1916 (à la guerre ?), elle a six autres enfants nés principalement au village de Rivière-du-Mat-les-hauts, dont Adrien PROCRIS (1919+1941), qui fut soldat d'infanterie coloniale. Le père est dit inconnu, mais pourrait être le dénommé MOTTA, cultivateur qui déclare presque toutes les naissances à la mairie. Certains descendants sont toujours vivants, à La Réunion et en métropole.

Jean-Pierre (Bénédict) né le 26 septembre 1891, mort en 1949 à Bois Rouge (où fonctionne encore l'une des deux dernières usines sucrières de La Réunion).  Il était journalier, et est resté célibataire (a priori sans enfants).

Seule l'aînée Marie Adèle PROCRIS (n°5) reste donc auprès de ses parents. Elle est aussi couturière, et préfère se faire appeler Adèle Bénédict (d'après les actes de baptême de ses enfants). Dès le 24 novembre 1877, âgée de seulement 15 ans, elle épouse  le dénommé SAMORI (n°4), sans aucun prénom.

Ce SAMORI est né en Afrique vers 1839 de parents inconnus. Il arrive à La Réunion comme engagé sans doute vers 1856-1857, peu avant la fin de l'immigration d'africains en 1859 dénoncée comme traite d'esclaves (l'immigration d'indiens continuera par contre jusqu'en 1882). Il est inscrit à la matricule générale sous le n°77.415 (les matricules étant disparues, il est impossible de connaître la date d'arrivée précise, le pays d'origine et le bateau). Selon la légende familiale, il aurait déclaré à ses enfants être le fils d'un roi, ou plus peut-être plus modestement d'un chef de tribu. La relation a rapidement été faite avec Ie conquérant guinéen SAMORI, qui s'est bâti un empire contre les colons français à la fin du 19e siècle. Cependant étant son cadet de seulement 9 ans, il ne pouvait être son fils, mais au mieux son cousin, plus simplement un membre de sa tribu, voire même du clan ennemi. Il pouvait d'ailleurs donner n'importe quel nom aux autorités coloniales, sans vérification possible dans une confusion linguistique, d'autant plus que le fameux SAMORI était encore inconnu des Français. Cette tradition orale permettrait toutefois de situer l'origine des ancêtres sur la côte occidentale d'Afrique, alors que la majorité des engagés (et antérieurement des esclaves) importés à La Réunion provenait de Madagascar, des Comores et de la côte orientale d'Afrique (Mozambique, Zanzibar...). Or, d'après les statistiques générales de l'immigration entre 1848 et 1882 (CAOM FMM/SG/REU//454), plus de 1300 ouest-africains arrivèrent de Quilliane en 1856. Cette arrivée était exceptionnelle, un tiers de l'immigration afro-réunionnaise de cette année là, alors que les autres années entre 1854 et 1859, les ouest-africains étaient assez rares. 

En 1877, SAMORI est qualifié de domestique, mais plus tard il se dira cultivateur, et vers la fin de sa vie, fossoyeur. Il est âgé de 38 ans, soit 23 ans de différence avec son épouse. Outre le mariage civil, il se marie aussi religieusement, et pour cette raison, est baptisé le même jour 24 novembre, adoptant le prénom de Pierre, qu'il remplacera dès 1881 par Maurice. Il a quatre garçons : 

L'aîné Julien (n°2) né le 12 décembre 1878, baptisé Julien Pierre le 31.

Le cadet Jules né le 6 juillet 1881 à La Ravine Creuse, baptisé Jules Augustin.

Eugène né le 14 août 1884.

Le dernier Joseph Hyppolite né et baptisé le 7 juillet 1889, décédé une semaine plus tard à La Ravine Creuse.

Le 4 septembre 1891, âgé de 81 ans, Bénédict PROCRIS s'éteint en sa maison à la Ravine Creuse. Suite semble t'il à ce décès, son beau-fils Maurice SAMORI part pour Saint-Denis. Eugénie TIVOLI serait restée à Saint-André, où elle aurait épousé le 1er juin 1897, à l'âge de 51 ans, le dénommé Marcelin Gustave LACOTTE. Son acte de décès n'a pas été retrouvé à ce jour (ni Saint-André, ni Saint-Denis, ni Bras-Panon). Par ailleurs, Jules SAMORI reviendra temporairement à Saint-André pour s'y marier en 1906.

Mariages de Saint-André, 1877
(Ex-Section Outre-Mer des Archives nationales / AD La Réunion)
Acte n°35 : Samori & Marie Adèle Proscris 
L'an mil huit cent soixante dix sept, le vingt quatre novembre à dix heures du matin, par devant nous Joseph Brunet, conseiller municipal de la commune de Saint André île de la Réunion, remplissant en l'absence du maire les fonctions d'officier de l'état civil de ladite commune, ont publiquement comparu en l'hôtel de la mairie le sieur Samori, domestique domicilié de cette commune, né en Afrique de parents inconnus, âgé de trente huit ans, inscrit à la matricule générale sous le n°77415, autorisé par monsieur le gouverneur de cette colonie conformément à une disposition du senate consulte du vingt juillet mil huit cent soixante sept et suivant arrêté du cinq de ce mois, d'une part, et la demoiselle Marie Adèle Proscris, couturière domiciliée de cette commune, née à Salazie le vingt sept mai mil huit cent soixante deux, fille mineure du sieur Bénédicte Proscris et de la dame Eugénie Taulie, tous deux cultivateurs domiciliés de cette commune, ici présents et consentant d'autre part. Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites en notre hôtel les dimanches neuf et seize septembre dernier, aucune opposition ne nous ayant été signifiée, et faisant droit à leur réquisition, avons donné lecture d'un certificat du commissaire d'immigration et tenant lui d'acte de naissance du futur, de l'acte de naissance de la future, de l'arrêté et des publications le 12 9bre relatés, lesquels demeurent annexés au présent après avoir été paraphés par nous et après avoir aussi donné lecture du chapitre VI du titre V du livre 1er du Code Civil et relatifs aux droits et aux devoirs respectifs des époux, et les dits futurs époux interpellés conformément aux dispositions de la loi du dix juillet mil huit cent cinquante, nous ayant déclaré qu'il n'a pas été fait de contrat de mariage entre eux, nous leur avons demandé s'ils voulaient se prendre pour mari et pour femme, et chacun d'eux ayant répondu séparément et affirmativement, prononçons et déclarons au nom de la loi que le sieur Samori et la demoiselle Marie Adèle Proscris sont unis par le mariage. De quoi, avons dressé acte en présence des sieurs Thumy Martino âgé de trente sept ans, Alexandre Murin âgé de trente cinq ans, Bocca âgé de trente cinq ans, et Lansulsié âgé de vingt cinq ans, tous quatre habitants domiciliés de cette commune, et les sieurs Martino et Murin ont signé le présent acte avec nous, en présence des époux, des père et mère de l'épouse, et des deux autres témoins qui n'on su le faire de ce interpellé, lecture faite.

Naissances de Saint-André, 1878 (CAOM REU/SAINTANDRE/44)
Acte n°171 : Julien Samori
L’an mil huit cent soixante dix huit, le seize décembre à neuf heures du matin, par devant nous Denis Suivant premier adjoint au maire de la commune de Saint André de la Réunion, et remplissant en l’absence du maire les fonctions d’officier de l’état civil de la dite commune, a comparu le sieur Samori, âgé de trente neuf ans, cultivateur domicilié de cette commune, inscrit à la matricule générale sous le n°77415, lequel nous présenté un enfant du sexe masculin né le douze de ce mois à huit heures du matin âgée de seize ans, son épouse, couturière, et auquel enfant il dit lui donner le prénom de Julien. Les dites déclaration et présentation faites en présence du sieur Armen âgé de quarante ans et Virin âgé de soixante ans, tous deux cultivateurs domiciliés de cette commune. Et avons signé le présent acte en présence du déclarant et des témoins qui n’ont su le faire de ce interpellé, lecture faite. 
Mention marginale : marié le douze novembre mil neuf cent dix sept à Diégo Suarez avec Salomon Marthe Augustine.

Décès de Saint André, 1891 (CAOM REU/SAINTANDRE/57)
Acte n°203 : Procris Benedict 
L'an mil huit cent quatre vingt onze, le cinq septembre à neuf heures du matin, par devant nous Pierre Louis Aristide Loupy, maire et officier de l'Etat Civil de la commune de Saint André de la Réunion. Ont comparu les sieurs Boca âgé de quarante huit ans, et Tacoula âgé de cinquante ans, tous deux cultivateurs domiciliés de cette commune. Lesquels nous ont déclaré que le jourd'hui à sept heures du soir, le sieur Procris Bénédicte, né en Afrique de parents inconnus, âgé de soixante cinq ans, marié à la dame Eugénie Vouly, tous deux cultivateurs, domicilié de cette commune, est décédé en sa maison au lieu-dit la Ravine Creuse ainsi que nous nous en sommes assurés. Et on a signé le présent acte en présence des déclarants qui n'ont su le faire de ce interpellé, lecture faite.

Statistiques des naissances de l'INSEE pour la Réunion