François Le Duic (1887+1911
L2.A) Naufragé au large d'Etel
Jour de tempête à
l'entrée de la
rivière d'Etel au Mât Fenoux, avec à l'horizon l'île de Roelland.
A partir du milieu du XIXe siècle, la presse
commence à s’intéresser aux évènements locaux. Même si l’exactitude
et l’objectivité ne sont pas toujours au rendez-vous, les articles
éclairent sur la vie passée. Dans notre département, Le Nouvelliste
du Morbihan relate notamment les évènements en mer, comme le naufrage
le 20 septembre 1911 à Etel du Quatre-Frères de Pen-Mané, chaloupe à
bord de laquelle embarquait François (Marie) Le Duic, dont le père Joseph,
était mort deux ans auparavant.
Le Nouvelliste du Morbihan du
samedi-dimanche 24/09/1911
Quatre noyés à Etel
Les pêcheurs de nos côtes viennent de commencer à payer à la
mer leur tribut d’hiver et les premiers coups de vent ont
amené la mort, en face d’Etel, de quatre pêcheurs de
Lézenel et de Kerdreff, en Riantec.
Mercredi matin, à 7 heures, la chaloupe Quatre-Sœurs (sic) de
Penmané, patron Jean-Marc Jégo, deuxième maître vétéran en
retraite, se rendait à Etel où le patron Jégo avait l’habitude
de vendre sa pêche. En dehors du patron, quatre hommes
composaient l’équipage : Jean Mollo, 18 ans, Ernest Toumelin
et Gustave Plunian, de Kerdreff, et François Le Duic, 22 ans,
de Lézénel.
L’embarcation arrivait à hauteur de l’île Rohellan, en
face d’Etel, quand un violent grain s’abattit sur elle,
précipitant à la mer les cinq hommes.
Quatre d’entre eux
coulèrent immédiatement. Par un hasard vraiment providentiel,
le jeune Jean Mollo, le seul de l’équipage qui ne sut pas
nager, saisit deux planches, se maintint sur l’eau, fut
ballotté pendant dix heures et vint finalement s’échouer sur
la grève de Sainte-Barbe, en Plouharnel, à 5 h de l’après-midi.
C’est par lui que l’on apprit la catastrophe.
A noter que François Le Duic n’était embarqué que depuis
deux jours. Déjà il avait eu à déplorer la mort de son père
tragiquement noyé dans le port de commerce de Lorient.
Quant à Toumelin, il devait rentrer samedi dans le service de
la flotte.
A l’heure où nous mettons sous presse, les cadavres n’ont
pas encore été retrouvés.
L’article précédent est assez
complet, mais ne mentionne pas le nom correct du bateau. Trois semaines
plus tard, nouvel article :
Le Nouvelliste du Morbihan du samedi-dimanche 15/10/1911
Le port d'Etel vers 1900
Les drames de la mer
[rappel de l’article précédent]
A quinze jours d’intervalle, alors que tout espoir de retrouver
les cadavres semblait perdu, voici que mercredi, au petit matin,
le patron Moëllo, de la chaloupe n°12 d’Etel, se trouvait sur
les lieux de pêche quand il attira dans son chalut un cadavre. Il
ramena le corps à Locmalo, où il fut reconnu pour être celui de
Toumelin, un des naufragés des Quatre-Sœurs, dont le cadavre a
été conduit au Bas Kerdreff.
Un autre cadavre a été retrouvé jeudi matin dans le chalut d’une
chaloupe du Bono, c’est celui de François Le Duic, qui, à Etel,
a été reconnu par Mme Le Port, aubergiste, chez laquelle l’équipage
avait l’habitude de descendre lorsqu’il passait à Etel.
A Etel, l’acte de décès de
François est dressé le jour de la découverte du corps. Il précise le
nom du bateau du Bono, mais la date de disparition est erronée de sept
jours : « disparu en mer lors du naufrage du bateau de pêche les
Quatre-Frères près de Roelland le vingt sept septembre dernier. Le
cadavre a été retrouvé en mer, mêmes parages le douze octobre
courant par l’équipage du bateau Saint Mathurin du Bono en
Plougoumelen, et ramené à Etel ce même jour… »
A Locmiquélic, l’acte de décès
est transcrit à la date du 13 octobre avec moins de précisions, mais
reprend la date du 27 septembre mentionnée dans l’acte de Etel : « Disparu
en mer le 27 septembre dans le naufrage du Quatre Frères à Roelland.
Retrouvé le 12 octobre le corps... »
A l’inscription maritime de Lorient,
la matricule des matelots est aussi assez sommaire, et comporte une
erreur dans la date de transcription du décès à Locmiquelic (12 au
lieu du 13) : « Présumé disparu dans le naufrage du canot Quatre
Frères le 20 septembre 1911 à trois milles au large des Pierres
noires. Cadavre retrouvé en mer le 12 octobre 1911, acte de décès
dressé à Locmiquélic le 12 octobre 1911 ». La matricule confirme
bien par contre que François était embarqué depuis la veille, le 19
septembre.
En conclusion, il n’est pas inutile
de recroiser les informations pour reconstituer un évènement. S'il
faut parfois se méfier de la presse (ici nom du bateau), celle-ci a
néanmoins parfois raison (ici, date de la disparition)...