Site généalogique de Christian Duic

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MAJ Page le 02/03/08


François Le Duic
(1887+1911 L2.A)

Naufragé au large d'Etel

 

Jour de tempête à l'entrée de la rivière d'Etel au Mât Fenoux, avec à l'horizon l'île de Roelland.

A partir du milieu du XIXe siècle, la presse commence à s’intéresser aux évènements locaux. Même si l’exactitude et l’objectivité ne sont pas toujours au rendez-vous, les articles éclairent sur la vie passée. Dans notre département, Le Nouvelliste du Morbihan relate notamment les évènements en mer, comme le naufrage le 20 septembre 1911 à Etel du Quatre-Frères de Pen-Mané, chaloupe à bord de laquelle embarquait François (Marie) Le Duic, dont le père Joseph, était mort deux ans auparavant.

Le Nouvelliste du Morbihan du samedi-dimanche 24/09/1911

Quatre noyés à Etel
Les pêcheurs de nos côtes viennent de commencer à payer à la mer leur tribut d’hiver et les premiers coups de vent ont amené la mort, en face d’Etel, de quatre pêcheurs de Lézenel et de Kerdreff, en Riantec.
Mercredi matin, à 7 heures, la chaloupe Quatre-Sœurs (sic) de Penmané, patron Jean-Marc Jégo, deuxième maître vétéran en retraite, se rendait à Etel où le patron Jégo avait l’habitude de vendre sa pêche. En dehors du patron, quatre hommes composaient l’équipage : Jean Mollo, 18 ans, Ernest Toumelin et Gustave Plunian, de Kerdreff, et François Le Duic, 22 ans, de Lézénel.
L’embarcation arrivait à hauteur de l’île Rohellan, en face d’Etel, quand un violent grain s’abattit sur elle, précipitant à la mer les cinq hommes.

Quatre d’entre eux coulèrent immédiatement. Par un hasard vraiment providentiel, le jeune Jean Mollo, le seul de l’équipage qui ne sut pas nager, saisit deux planches, se maintint sur l’eau, fut ballotté pendant dix heures et vint finalement s’échouer sur la grève de Sainte-Barbe, en Plouharnel, à 5 h de l’après-midi. C’est par lui que l’on apprit la catastrophe.
A noter que François Le Duic n’était embarqué que depuis deux jours. Déjà il avait eu à déplorer la mort de son père  tragiquement noyé dans le port de commerce de Lorient.
Quant à Toumelin, il devait rentrer samedi dans le service de la flotte.
A l’heure où nous mettons sous presse, les cadavres n’ont pas encore été retrouvés.

L’article précédent est assez complet, mais ne mentionne pas le nom correct du bateau. Trois semaines plus tard, nouvel article :

Le Nouvelliste du Morbihan du samedi-dimanche 15/10/1911

 

Le port d'Etel vers 1900

Les drames de la mer
[rappel de l’article précédent]
A quinze jours d’intervalle, alors que tout espoir de retrouver les cadavres semblait perdu, voici que mercredi, au petit matin, le patron Moëllo, de la chaloupe n°12 d’Etel, se trouvait sur les lieux de pêche quand il attira dans son chalut un cadavre. Il ramena le corps à Locmalo, où il fut reconnu pour être celui de Toumelin, un des naufragés des Quatre-Sœurs, dont le cadavre a été conduit au Bas Kerdreff.
Un autre cadavre a été retrouvé jeudi matin dans le chalut d’une chaloupe du Bono, c’est celui de François Le Duic, qui, à Etel, a été reconnu par Mme Le Port, aubergiste, chez laquelle l’équipage avait l’habitude de descendre lorsqu’il passait à Etel.

A Etel, l’acte de décès de François est dressé le jour de la découverte du corps. Il précise le nom du bateau du Bono, mais la date de disparition est erronée de sept jours : « disparu en mer lors du naufrage du bateau de pêche les Quatre-Frères près de Roelland le vingt sept septembre dernier. Le cadavre a été retrouvé en mer, mêmes parages le douze octobre courant par l’équipage du bateau Saint Mathurin du Bono en Plougoumelen, et ramené à Etel ce même jour… »

A Locmiquélic, l’acte de décès est transcrit à la date du 13 octobre avec moins de précisions, mais reprend la date du 27 septembre mentionnée dans l’acte de Etel : « Disparu en mer le 27 septembre dans le naufrage du Quatre Frères à Roelland. Retrouvé le 12 octobre le corps... »

A l’inscription maritime de Lorient, la matricule des matelots est aussi assez sommaire, et comporte une erreur dans la date de transcription du décès à Locmiquelic (12 au lieu du 13) : « Présumé disparu dans le naufrage du canot Quatre Frères le 20 septembre 1911 à trois milles au large des Pierres noires. Cadavre retrouvé en mer le 12 octobre 1911, acte de décès dressé à Locmiquélic le 12 octobre 1911 ». La matricule confirme bien par contre que François était embarqué depuis la veille, le 19 septembre.

En conclusion, il n’est pas inutile de recroiser les informations pour reconstituer un évènement. S'il faut parfois se méfier de la presse (ici nom du bateau), celle-ci a néanmoins parfois raison (ici, date de la disparition)...