Louis
Le Duic (1922+1944 G3) Résistant
mort pour la France
La Bretagne, notamment le
Morbihan, a été l’un des plus importants foyers de la Résistance en
France. Le débarquement en Normandie le 6 juin 1944 apporte un énorme
espoir d'une Libération, attendue depuis fin 1943. A l’origine inexpérimentés, les résistants
s’organisent, entreprennent des actions de sabotage (voies ferrées,
lignes téléphoniques…), sont ravitaillés par parachutages de matériels
et d’armes. Ils se regroupent à partir de février 1944 au sein des
FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), puis forment en juin à St
Marcel et à Botségalo en Colpo notamment, d'importants camps de 1000
à 3000 hommes rapidement évacués et dispersés après leurs découvertes par les Allemands.
Ces derniers multiplient les barrages, contrôles, ratissages, arrestations, tortures, exécutions
sommaires… durant ce très dur été 1944.
On ne sait exactement à partir de
quel moment Louis Le Duic s’engage dans les FFI. Né à Gâvres
en janvier 1922, il s’était réfugié avec sa famille à
Bieuzy-Lanvaux,
alors que la région lorientaise avait été évacuée après les
bombardements des Alliés de début 1943. En juillet 1944, il se retrouve parmi les
90 maquisards du camp de Kervernen en Pluméliau. Le 14 juillet, jour de
la fête nationale, 300 soldats ennemis entreprennent
l’attaque du camp. Le combat est particulièrement sanglant.
L’assaillant perd 130 à 150 hommes. Une trentaine de résistants sont
tués au combat. Autant sont faits prisonniers, la plupart sans armes,
dont Louis. Ils sont conduits aux geôles de Locminé, tristement
réputées pour les tortures, avec 1200 personnes incarcérées au cours
des 5 mois. D’après les survivants, le sort commun des
interrogés était le suivant. Pour empêcher tout mouvement, les
poignets et les chevilles sont ligotés, puis une barre de fer est placée
derrière les genoux, une autre devant les avants-bras. Dans cette
position pénible, le torturé, souvent bâillonné, reçoit des coups
de trique, de matraque, de bâton, de poing, de pied sur le dos, les
cuisses, la tête, la nuque, la figure, le ventre, pendant une ou deux
heures, jusqu’à l’évanouissement complet. Les sévisses
sont parfois encore plus graves, et certains ne s’en sortent pas.
Plaque commémorative à Gâvres
Le 18
juillet, quatorze des prisonniers sont extraits des geôles et conduits
au bois de Coët-Kermeno près de Botségalo en Colpo. Ils y sont fusillés,
dont Louis. Le 22, treize autres sont tués au même endroit
d’une balle dans la nuque. Un seul laissé pour mort réussit à prévenir
le lendemain une ferme voisine malgré ses graves blessures (il sera tué
quelques semaines plus tard sur le front de Lorient). Une équipe de
secours, dirigée par un docteur, un pharmacien et deux abbés, se rend
alors sur les lieux et découvre les corps tuméfiés des 27 victimes.
Ces corps sont enterrées dans une fosse commune creusée à proximité,
où s’élève aujourd’hui le monument aux morts, sur lequel
apparaît le nom de Louis
Le Duic. Une plaque commémorative apparaît aussi sur la tombe de
ses parents à Gâvres, mais pas sur le monument aux morts de sa commune
natale.
Deux
semaines plus tard, début août, après de nombreuses autres actions, les forces
alliées et les résistants libèreront l'ensemble du Morbihan, à
l'exception de la poche de
Lorient, qui restera occupée encore neuf mois jusqu’à l’Armistice de 1945.
Monument de Botségalo à Colpo (C)
Philippe Frilley sur Mémorial Genweb