Cette page est
inspirée du communiqué de presse
diffusé
lors
du second rassemblement familial de 2002.
Le village de Kerner, vu de
l'île du même nom.
Les
origines
LE
DUIC est un diminutif de LE DU, signifiant en breton "LE NOIR". Comme
beaucoup d'autres patronymes bretons, certaines branches familiales ont perdu la
particule à la fin du 19e siècle.
L'origine
de la famille se situe sur le littoral morbihannais, entre le Blavet et la
rivière d'Etel, la ville d'Hennebont et celle de Port-Louis. Au 17e siècle, ce
dernier lieu devient l’un des quatre grands ports bretons de la pêche de la
sardine avec Belle-Ile, Concarneau et Douarnenez. Il attire en saison bon nombre
de gens de labeur, dont l’ancêtre Yves LE DUIC, qui épouse vers 1670 Anne
JEGO de La Trinité-Kerner en Riantec, où le couple s’installe en laissant
des cousins à Merlevenez, Mendon, Languidic, Brech...
Yves
s’intègre parfaitement dans la nouvelle paroisse. Il hérite vers 1680 d'une
tenue provenant de son beau-père. Il a au moins onze enfants, dont quatre fils.
En deux ou trois générations, ses descendants s'éparpillent dans les villages
dépendants alors de Riantec, et formant ce qui est appelé aujourd'hui la
«Terre Sainte » : Locmiquelic, Les Salles, Nézenel, Locmalo et surtout
Gâvres.
D’abord
patrons pêcheurs
Chaloupes de pêche échouées à Gâvres
En
1728, Jean LE DUIC, fils de Yves, guide à Port-Louis le fameux commissaire du
roi LE MASSON DU PARC dans sa vaste enquête sur les pratiques halieutiques en
France. La famille est alors parfaitement reconnue dans le milieu de la pêche.
Outre les matelots, elle compte en moyenne cinq maîtres de chaloupe tout
le long du 18e siècle, alors que la côte en dénombre 55 vers 1730 et 90 vers
1780. Un maître ou patron est un marin d’expérience, un ancien mousse
embarqué depuis l’âge de 10 ans avec son père. Il possède son bateau de 7
à 8 mètres, parfois en copropriété familiale. Il recrute 4 à 5 matelots,
puis une dizaine au milieu du 19e siècle. Le plus jeune est Joseph LE DUIC de
Locmiquelic, âgé de 17 ans en 1751.
Avec
l’industrie sardinière qui règne près de trois siècles, la pêche est d’abord
locale. Elle devient ensuite hauturière avec la courte épopée thonière, puis
la prédominance du chalutage à partir de 1900. Quelques LE DUIC naviguent
aussi en tant que simple matelot sur des morutiers à Terre-Neuve et des
baleiniers en Atlantique Sud.
La
famille s’intéresse ensuite au long-cours. Elle ne reste pas indifférente à
la Compagnie des Indes qui prospère rapidement à l'Orient, à l'abri de
Port-louis. Noël, Jean II, Nicolas Ier, François III, Jean-François et
d'autres encore, voyagent vers ces pays tropicaux, Sénégal, Indes, Chine, à
la recherche d'épices rares, de bois précieux et de superbes porcelaines.
Marins
d’état
En
raison de l'Inscription maritime, la famille a longtemps servi dans la Royale. A
travers ses embarquements, c’est toute l’histoire navale de la France qui
peut être retracée, et notamment les conflits.
Au
18e siècle siècle, pendant
la guerre de Sept Ans (1756-1763), Jacques, Jean III et ses frères participent
à la défense des côtes morbihannaises sérieusement menacées par les
escadres anglaises. Aux Indes, François III et Joseph Ier assistent à de désastreux
combats navals.
Pendant
la Révolution et de l'Empire (1792-1815), beaucoup de matelots sont par contre
hostiles aux campagnes. Ils désertent les vaisseaux, sont condamnés à
Rochefort ou sont encore prisonniers en Angleterre... Un LE DUIC devient
néanmoins corsaire en Guyane.
Le Suffren, sur lequel
embarqua François Louis Le Duic lors de l'expédition du Tage en 1831
Après
la déroute, la Royale se redresse progressivement au 19e siècle pour devenir l’une
des plus modernes du monde. Les LE DUIC suivent les naissances et
les évolutions des navires à vapeur, des vaisseaux cuirassés, des
batteries flottantes… Ils explorent l’Océan Pacifique, les côtes
occidentales d'Afrique ou encore Madagascar, à la recherche de voies
commerciales et de nouvelles conquêtes coloniales. Ils assurent la protection
des intérêts de la France à travers le monde. Ainsi François-Louis Ier
participe à la bataille de Navarin (1827) et à l'expédition du Tage (1831),
Joachim au combat de Vera-Cruz (1838), Paul II au blocus de La Plata en
Argentine (1841-1844), d'autres encore à l'expédition du Mexique (1861-1867).
La guerre de Crimée (1853-1855) mobilise Noël-François et ses frères
Jean-Julien et Pierre-Marie Alexandre, François-Louis Il et son frère
Maria.
Les
mutations
La
pêche a connu de graves crises tout au long des siècles : raréfaction du
poisson, notamment la sardine dans les années 1880, guerres qui mobilisent les
hommes et bloquent les côtes (Guerre de Sept Ans, Empire, Poche de Lorient),
concurrence étrangère, spéculation des industriels… La famille y a ainsi
renoncé progressivement jusqu’au dernier patron pêcheur dans les années
1990, victime des quotas de Bruxelles. Elle s’engage alors plus volontiers
dans la Royale ou la marine marchande. Aujourd’hui, elle dénombre encore
beaucoup de retraités du milieu maritime, mais aussi quelques actifs, dont deux
capitaines au long-cours.
Les
nouveaux métiers à terre sont encore liés à la mer. Dès la Révolution, les
deux frères Paul et Jean-Pierre de Locmiquelic sont charpentiers navals, et
sont suivis par beaucoup d’autres LE DUIC à l’Arsenal de Lorient, le grand
employeur de la région. Ensuite, en 1843, Joachim est le premier à s’engager
dans la douane (matelot des douanes), suivi rapidement par son cadet Joseph au
Bonhomme puis à Pen-Mané. Toutes ces professions comptent encore de nos jours
quelques LE DUIC, mais plus de retraités que d’actifs. Parmi eux, un a
toutefois participé à la construction du porte-avion nucléaire
Charles-de-Gaulle.
Lancement d'un navire à l'Arsenal de
Lorient au 19e siècle
A
partir de ces couches socio-professionnelles, une ascension sociale a été
possible dès la fin de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, enseignants,
cadres administratifs ou techniques, commerçants, entrepreneurs, professions
libérales, sont proportionnellement plus nombreux dans la famille qu’en
France, alors que seuls deux LE DUIC savaient signer leur nom au 18e siècle.
Ces
mutations n'ont été possible bien souvent qu'en quittant le sol natal, de plus
en plus loin. Le charpentier Jean LE DUIC s'installe à Lorient vers 1850. Deux
pêcheurs et un ferblantier fondent des foyers à Quiberon en 1881, 1891 et
1895. Les douaniers sont postés dans l’Est avant de revenir sur la côte. Un
ouvrier émigre à Paris entre les deux guerres… Aujourd’hui, les LE DUIC se
répartissent géographiquement, outre la Bretagne et la région parisienne
dans pratiquement tous les départements bordant l'Atlantique, trois départements
méditerranéens, deux départements d'Outre-Mer. L'attrait de la mer est quand
même indéniable.
L'avenir
L’ancêtre
Yves LE DUIC a environ 600 descendants patronymiques, dont 130 vivants en 2002,
auxquels il faut joindre quelques 80 conjoints. C’est bien peu pour une généalogie
qui a été exceptionnellement établie sur 12 générations.
Mais avec les
naufrages, les accidents, les combats et les maladies, la famille paie un lourd
tribu : une quarantaine de décès d’hommes mûrs depuis 1736. De plus,
le service obligatoire dans la Royale éloignait les hommes pendant cinq ou six
ans parfois à l'autre bout du monde, alors que la mortalité infantile
atteignait 25% aux 18e et 19e siècles. Aujourd'hui, à
l'instar de la population française, la famille est confrontée à un nouveau
problème : son vieillissement. En l'espace de 15 années, le nombre de décès
a été le double de celui des naissances.
Aujourd'hui,
les
descendants de Yves se retrouvent lors de grands rassemblements familiaux au
pays, le premier en 1987, le second en
2002. L'ensemble des recherches
généalogiques et historiques ont été regroupées dans un livre, qui a été
couronné peu après d'un prix par le ministre délégué à la famille. Le site
Internet, créé en 2001, est encore un moyen pour se tenir informer et pour garder
contact avec ses racines.