Tout patronyme a une histoire et une signification. Au
Moyen-Age, les personnes ne portaient qu'un nom de baptême, autrement dit un prénom.
Les cas d'homonymie devenant de plus en plus nombreux, ce nom fut suivi d'un
surnom rappelant notamment l'origine géographique, le caractère physique ou la
profession spécifique à un individu. Au 16ème siècle sous l'impulsion d'édits
royaux, mais parfois aussi plus tôt, le surnom devint héréditaire. Le nom de
famille était né. Ses variantes doivent beaucoup aux particularités des
langues régionales.
Pour la famille LE DUIC, originaire du Morbihan,
c’est la langue bretonne.
Etymologie
LE DUIC se divise en trois syllabes :
La particule LE
est la francisation de AR ou AN,
traduit par les recteurs de paroisses dans leurs registres à partir des 15-16e
siècles. Elle est commune à grand nombre de patronymes bretons. La forme
originelle n'a jamais été rencontrée par écrit pour les LE
DUIC, mais oralement, elle a sûrement été utilisée jusqu'au 19e siècle.
DU signifie « noir » en breton. C'est également
le nom du mois de novembre, le mois le plus « sombre » de l'année.
IC est un diminutif correspondant globalement au terme
petit. Il est le suffixe de nombreux mots tels que :
Soizic, Loïc, Yannick, Annick pour les prénoms.
SONNIC, ROBIC, BERTIC pour des patronymes.
Locmiquelic, Lohic, Guennic pour des lieux.
Littéralement, LE DUIC signifierait donc le « petit
noir », mais il dérive plutôt du patronyme LE DU, plus répandu en
Bretagne. Par dérision ou par affection, pour distinguer le père du fils, le
diminutif IC aurait été ajouté d'une génération à l'autre, tout comme les
patronymes LE PERSON et LE PERSONNIC, LE FLOCH et LE FLOHIC, LE BIHAN et LE
BIHANNIC... L’origine des LE
DU, comme les LE NOIR dans le reste de la France, proviendrait de l'aspect physique de l'ancêtre, qu'il ait eu la couleur de peau mate,
des cheveux très foncés, des vêtements sombres.D’autres patronymes dérivent
de LE DU : LE DUIGO, aujourd’hui pratiquement disparu dans le Morbihan et
devenu LE DUIGOU dans le Finistère, LE DUFF et LE DUFFIC.
Toutefois, le terme DUIC dans sa globalité désigne
aussi :
Un petit gilet noir.
Une
daurade noire (en fait "duig").
Une mésange à tête noire connue à travers la
douce mélodie Pen Duick. Le navigateur Eric TABARLY, vainqueur de
plusieurs courses transocéaniques, a ainsi baptisé la série de ces fameux
voiliers à coque noire.
Un
toponyme ?
Le patronyme pourrait aussi provenir d'un toponyme, c'est à
dire d'un nom de lieu. Dans la vallée du Blavet, du sud vers le nord, sur
environ 30 km, se
trouvent ainsi les villages de :
Roduic en QUISTINIC, à environ 2000 m du Blavet, sur
les hauteurs, et
autant du bourg. Le préfixe Ro signifie en breton « rocher »
ou « colline ».
Kerduic en MELRAND à 1000 mètres du Blavet. Ker
signifie « village » ou « hameau », préfixe
très courant en Bretagne.
Keranduic en NOYAL-PONTIVY à la limite de ST THURIAU.
Ici la particule bretonne apparaît clairement.
Boduic en CLEGUEREC près de la forêt de Quénécan.
Bo signifie « résidence » en breton. Le
village, le plus important de tous, dépendait sous l'Ancien Régime d'un fief du même nom appartenant aux sieurs de Boduic
et relevant de la châtellenie de Pontivy dans le duché de Rohan. De nos
jours, il possède encore une belle fontaine et de superbes fermes des 17 et 18èmes
siècles en alignement, avec logis de maîtres, étable, grange, crèche et
puits. Sa
chapelle est dédiée à St Jacques jusqu'en 1877, puis à Ste Anne depuis
qu'elle abrite une relique de la fameuse basilique d'Auray. Elle abrite
aussi une "Vierge à la Poire", très belle statue en bois
polychrome du 15ème siècle. Non loin de Boduic, se situe le
dolmen de Bot Er Mohed, plus connu sous le nom de "Grotte aux fées"
ou de "Chambre des Korrigans", avec un couloir de 27 m de long.
Boduic
Un ancêtre des LE DUIC pourrait provenir des sus-dits
villages, et en mémoire de son origine, aurait été surnommé
ainsi. A moins que ce ne soit le contraire, qu’un LE DUIC aurait laissé son
nom à des villages en parcourant la vallée du Blavet. Pour cela, il aurait
fallu qu'il soit suffisamment réputé, or justement, il existe un fief à
Boduic, avec des seigneurs et des chevaliers, qui auraient pu combattre
glorieusement. Toutefois, l'ascendance noble de la famille actuelle est peu
probable et difficile à prouver.
Dérivés
Bien
qu'il soit assez court, le patronyme a subit plusieurs variantes au cours des siècles.
LE DUHIC : Apparaît temporairement au 18ème siècle
dans les registres paroissiaux de PORT-LOUIS. Intercalée entre le U et le I, la
lettre H indique clairement une prononciation en trois syllabes : AN-DU-IC. Ceci
est confirmé par l'écriture dans les registres paroissiaux de RIANTEC : la
lettre I est surmontée de trémas.
LE DUC :Venant de MENDON, Antoine
(1686+1747) se fit indifféremment appeler LE DUIC ou LE DUC, en s’installant
à LANDAUL puis à BRECH. A la fin du 18ème siècle, malgré la Révolution,
ses descendants avaient tous adoptés pour la seconde variante. Mais plusieurs
d’entre eux étaient royalistes ou du moins chouans, proches de la famille de
Georges CADOUDAL. Cette branche n'aurait plus de descendants patronymiques à ce
jour.
DUIC : Face aux multiples patronymes bretons à
particule, les officiers de l'état-civil du 19ème siècle s'habituèrent dans
leurs répertoires annuels et décennaux de les classer à la racine du nom, en
reléguant à la suite le LE entre parenthèses. Certains d'entre eux, notamment
sous la 3ème République, fonctionnaires parachutés dans les communes et ne
comprenant rien aux particularités de la langue bretonne ni aux coutumes
locales, oublièrent la particule dans la retranscription d'actes. Les
patronymes les plus touchés furent ceux avec au moins trois syllabes. Ainsi
beaucoup de LE PADELLEC, LE GUENNEC, LE CORVEC, LE BIHAN perdirent leur
particule. Par contre, les noms à deux syllabes comme LE BER, LE GOFF ou LE
BAIL résistèrent à l'atrophie. LE DUIC se prononçant autrefois en trois
syllabes, et non deux comme aujourd'hui, se transforma donc facilement en DUIC.
Les branches familiales concernées sont :
Celle de Locmiquelic pour les descendants de Louis-Marie et
Marie-Louis ALLAIN mariés à Port-Louis en 1894.
La 2ème de Gavres pour les descendants de Laurent et
Baptistine RIO mariés à Saint-Pierre-Quiberon en 1895, de Jean-Marie et
Sidonie LE BAIL mariés à Ploemeur en 1904.
La 3ème de Gavres pour les descendants de Julien et Julia LE
PADELLEC mariés en 1920 à Gavres.
Ces branches comptent environ 50 représentants sur les 140
vivants actuellement. Mais le patronyme breton n’a rien à voir avec
d’autres DUIC originaires des Flandres (Belgique, Pays-Bas), dérivés de VAN
DUYCK ou de D'HUICQ, et de Yougoslavie, dont la prononciation est DOUIC. Ces branches semblent
avoir de nombreux descendants en Amérique du Nord et en Italie.
DUIQUE
: Apparaît en alternance avec DUIC pour le douanier Simon (1748+1838) en poste
à Brest St Sauveur peu avant la Révolution. Mais cette branche n'a aucune
relation avec celle du Morbihan. Elle est originaire de Paris, et sans doute de
là, des Flandres.
DUICK
: Cette écriture n'est jamais apparue par le passé, mais depuis la
célébrité d'Eric TABARLY, la confusion est fréquente dans des documents non
officiels.