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MAJ Page le 31/12/07


Histoire générale

A l’origine inhabitée, La Réunion ne s’est peuplée progressivement qu’à partir du 17e siècle. Trois périodes peuvent être distinguées.

Avant 1715
Une terre d’aventuriers et de
pionniers

Grotte des premiers français à Saint-Paul.

Au 16e siècle, l’île est connue des navigateurs arabes et portugais, qui s’y approvisionnent en eau et en vivres.

En 1646, douze forçats français sont abandonnés près de Saint-Paul. Grâce à la nature généreuse, ils survivent plusieurs années et prouvent qu’une colonisation est possible. La France s’approprie alors définitivement l’île et la baptise Bourbon, du nom de la dynastie française.

En 1664, la Compagnie des Indes est créée par Colbert. Cette société privée dispose du monopole du commerce français en Asie, pour concurrencer les hollandais et les anglais. Elle décide de mettre en valeur l’île, qui lui est concédée par le roi et qui est une bonne escale au carrefour des routes maritimes entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Dès 1665, le gouverneur Etienne Regnault et vingt compagnons débarquent, rapidement suivi par des travailleurs malgaches et des aventuriers européens (italiens, suisses, allemands, anglais…).

Ces pionniers reçoivent des concessions immenses, allant « du battant des lames au sommet des montagnes ». Ils s’installent d’abord à Saint-Paul, puis à Saint-Denis et dans le nord. Ils défrichent les forêts hostiles, chassent le gibier local, faisant disparaître de nombreuses espèces. Ils se consacrent à des cultures vivrières, tel que le blé, le riz, le manioc, et à l’élevage de bovins et de caprins. Mais en définitif, livrés à eux-mêmes, ils travaillent peu. Ils vivent dans l’oisiveté, boivent, jouent. Pour améliorer leur quotidien, ils s’affairent à la contrebande avec des pirates. Avec la rareté de prêtres, ils délaissent la pratique religieuse. En l’absence d’autres femmes, ils engrossent des noires, qui enfantent des premiers métis. Entre 1690 et 1694, ils n’ont contact qu’avec un seul navire de la Compagnie. En 1707, Bourbon dénombre 700 âmes, dont 300 noirs sans réel statut.

De 1715 à 1848

Esclaves franchissant une rivière.

Dans un souci de rentabilité, la Compagnie des Indes reprend en main l’île Bourbon. A partir de 1715, elle incite la culture du café, qui devient à la mode en Europe. Pour travailler les terres, des esclaves sont importés d’Afrique et de Madagascar principalement. Ils représentent désormais entre 60 et 80% d’une population sans cesse en augmentation. En 1723, ils reçoivent un statut ambivalent avec le Code noir. Beaucoup d’entre-eux s’enfuient alors des plantations, marronnent dans les hauts, sont débusqués par des chasseurs de prime. Gouverneur  de 1735 à 1746, le malouin Mahé de La Bourdonnais favorise la traite des noirs et le développement économique, aussi bien à Bourbon qu’à Maurice, récupérée des hollandais depuis 1715 et rebaptisée île de France. Il construit une base navale à Port-Louis, sur la seconde île mieux pourvue en havres, et établit la capitale du gouvernement à Saint-Denis à la place de Saint-Paul.

En 1764, la Guerre de Sept Ans ayant ruiné le commerce, les deux îles sont rétrocédées au roi, la Compagnie des Indes est liquidée, mais la colonisation continue. Grâce à l’intendant Pierre Poivre, les épices rares sont acclimatées, tels que la cannelle, le poivre, le gingembre, le girofle, la muscade. Bourbon s’affirme alors dans sa vocation agricole, et devient un satellite de l’Ile de France, vouée au commerce maritime. En 1779, elle compte quand même 35.500 habitants. Elle est progressivement divisée en quartiers administratifs et en paroisses évangélisées depuis 1714 par les prêtres lazaristes. Les saints patrons de ces premières circonscriptions sont à l’origine du nom des communes actuelles.

Au tournant de la Révolution, l’île prend provisoirement le nom de La Réunion puis celui de Bonaparte. Elle refuse d’abolir l’esclavage selon le décret de 1793. Malgré tout, elle souffre économiquement avec une occupation anglaise de 1810 à 1815, une insurrection d’esclaves, et surtout deux cyclones successifs qui ravagent les plantations de café. Parallèlement, la France perd plusieurs colonies sucrières, telles que St Domingue devenue indépendante ou Maurice finalement cédée aux britanniques. Les colons se convertissent alors à la canne à sucre, qui nécessite toujours une main d’œuvre importante. Selon le Congrès de Vienne en 1815, la traite des noirs est réglementée. Elle est toutefois transgressée allègrement avec l’accord illicite de l’Angleterre jusqu’en 1831.

Bientôt, plus aucune concession n’est disponible dans les plaines, les plus anciennes sont fractionnées au fil des héritages, ne sont plus rentables et sont finalement vendues à de nouveaux aristocrates (les Grands Blancs), qui forment de vastes domaines et prennent le pouvoir. Encouragés par le gouvernement à partir de 1830, les colons désargentés (les Petits Blancs) s’implantent alors dans les hauts, où vivent déjà des marrons. Ils y développent des cultures vivrières, avec plus ou moins de succès (chouchou à Salazie, vigne et lentilles à Cilaos), mais leur condition reste précaire.

Depuis 1848
Une société fragilisée

Usine sucrière de Bois-Rouge à Saint-André.

L’année 1848 est une nouvelle année charnière. En métropole, la seconde république est proclamée le 25 février. L’île prend définitivement son nom le 6 septembre. Et surtout, l’esclavage est aboli le 20 décembre. Ménageant les intérêts de chacun, le commissaire de la république Sarda Garriga convainc les 62.000 nouveaux affranchis et leurs anciens maîtres à travailler ensemble. Mais rapidement, des indiens sont engagés, suivant l’exemple des anglais à l’île Maurice, où l’esclavage est aboli depuis 1835. Plus de 100.000 immigrent jusqu’en 1882, date à laquelle le recrutement est interdit car assimilé à la traite. Parallèlement, une immigration africaine continue jusqu’en 1859.

A partir de 1860, s’amorce le déclin de l’île. Avec la maladie de la canne, la concurrence du sucre cubain et de la betterave en Europe, l’ouverture du canal de Suez qui détourne les anciennes voies maritimes, La Réunion subit une grave crise économique. Elle s’équipe néanmoins d’infrastructures avec le chemin de fer en 1882 et le port de la pointe des Galets en 1886, diversifie sa production agricole avec la vanille et le géranium. Socialement, elle est confrontée à un appauvrissement généralisé, à des problèmes sanitaires (choléra, variole, paludisme endémique), à l’analphabétisme, à l’alcoolisme. Elle connaît alors pour la première fois une émigration, notamment vers Madagascar, où les français concentrent leurs efforts de colonisation à partir de 1880.

Pendant la Première Guerre Mondiale, sur 14.000 réunionnais engagés volontaires, plus de 1.000 meurent sur les fronts en Europe. Pendant la Seconde, l’île se rallie au régime de Vichy, et subit un terrible blocus anglais jusqu’au débarquement des Forces Françaises Libres en 1942.

En 1946, La Réunion adopte le statut de département d’outre-mer pour faciliter sa modernisation et l’apport de capitaux. A partir des années 1960 (Madagascar est alors indépendante, le gaulliste Michel Debré, ancien premier ministre, et le communiste Raymond Vergès sont des élus de La Réunion), les progrès apparaissent au niveau de la santé, de la scolarisation, des logements, des infrastructures routières, portuaires, aériennes, des ressources énergétiques, de l’industrie sucrière, des télécommunications, de la grande distribution, de l’accueil touristique. Toutefois, cette politique grandement assistée bouscule les vieilles traditions, génère de profonds déséquilibres sociaux, et ne résout pas la croissance démographique. En 30 ans, la population est pratiquement doublée, atteignant 600.000 habitants en 1990. Tandis que des réunionnais émigrent vers la métropole, des malgaches et des comoriens immigrent. Aujourd’hui, dans un marché mondialisé, La Réunion se veut une base avancée de l’Europe en Océan Indien.